« Je ne comprends pas vraiment comment je fais de la musique », confie Josie Boivin, qui enregistre et joue sous le nom de Munya. « J'ai l'impression que ça vient d'un autre monde. » « Surnaturel » est un terme qui décrit bien la musique de Munya. Les chansons sont tour à tour enjouées et mélancoliques, aussi entraînantes qu'étranges, légères et aériennes, mais pleines d'émotions puissantes.
Née dans la petite ville de Saguenay, au Québec, Josie Boivin est la cadette d'une famille de neuf enfants. Pianiste de formation classique, elle découvre son talent pour l'opéra au secondaire lorsqu'un professeur de musique l'entend imiter un chanteur d'opéra pour plaisanter. Après une adolescence passée dans le monde très compétitif de l'opéra, elle étudie le jazz à l'Université de Montréal. Boivin prend une année pour voyager et explorer, expérimenter la vie et cumuler les petits boulots, cherchant le meilleur exutoire à sa vision musicale. Elle joue du clavier et assure les chœurs pour des artistes montréalais, perfectionnant ainsi ses talents de productrice, d'interprète et de musicienne.
Ce n'est qu'en septembre 2017 que Boivin a trouvé sa vocation, lorsqu'une amie l'a invitée à se produire au légendaire festival Pop Montréal. À ce moment-là, elle n'avait qu'une seule chanson terminée. « J'ai réalisé que c'était ma chance », dit-elle. « Si je devais un jour créer ma propre musique, c'était maintenant. J'ai quitté mon emploi et j'ai emménagé chez ma sœur, juste pour pouvoir écrire toute la journée. »
Après le départ quotidien de sa sœur au travail, Boivin installait son matériel, transformant la cuisine en studio d'enregistrement. Elle y composait et enregistrait, rangeant tout avant le retour de sa sœur à 17 heures. Ces enregistrements, combinés à quelques journées en studio avec Miles Dupire-Gagnon et Gabriel Lambert d'Anemone, allaient donner naissance à une série de trois EP – une sorte de « trilogie », chacun portant le nom d'un moment important de la vie de Boivin : celui de 2018.North Hatley(un de ses villages préférés au Québec),Delmano(nommé d'après l'hôtel Delmano à Williamsburg) sortira en octobre 2018, le 3ème EP étant prévu pour début 2019.
Le processus musical de Boivin est aussi fascinant et intuitif que sa musique. « Ma musique est un collage de premières prises, des moments les plus bruts et les plus réussis, que je transforme en quelque chose de nouveau », explique Boivin. « Je prends la batterie d'une chanson, une partie de guitare d'une autre et une mélodie que j'ai écrite pour une autre chanson, je les assemble et je vois comment ça fonctionne. » Les chansons de Munya sont entraînantes mais éthérées, construites autour de boucles de batterie serrées et répétitives et de la voix lumineuse de Boivin. Il y a une légèreté dans cette musique, une simplicité éclatante, mais avec une tristesse latente qui donne à ces chansons leur véritable puissance.
