Mélissa Laveaux

Avril 2016. L'auteure-compositrice-interprète et guitariste Mélissa Laveaux se rend en Haïti à la recherche de ses racines et en quête d'hommage à ses ancêtres. Deux décennies se sont écoulées depuis son dernier pied sur l'île, à l'âge de 12 ans. Elle se sent étrangère et, en même temps, elle ressent l'émotion d'une exilée qui rentre chez elle, car Haïti fait partie intégrante de son identité.

Née au Canada de parents haïtiens et forte d'un vocabulaire créole bricolé, issu des expressions chargées de métaphores et des slogans vibrants qu'elle a entendus sa mère échanger avec ses tantes lors d'appels téléphoniques longue distance, elle ignore ce qui ressortira musicalement de son pèlerinage. Mais en s'immergeant dans les chansons folkloriques qui ont nourri les artistes haïtiens pendant des générations, elle est séduite par la profondeur et l'opulence de son extraordinaire héritage.

Elle est revenue d'Haïti avec la tête pleine de sons, de mélodies, d'ambiances et d'histoires d'époques lointaines, tandis qu'une liste de morceaux émergeait, riche d'allégories et de symbolismes multicouches qui caractérisent la poésie et la chanson haïtiennes, comme un langage codé de résistance.

À partir de ces morceaux, elle a construit Radyo Siwèl, un album unique, imprégné d'histoire et de culture haïtiennes, mais aussi très personnel et intime. Certaines chansons sont si anciennes que personne ne sait qui les a écrites, car elles ont été diffusées par des troubadours itinérants et des orchestres ruraux, connus sous le nom de Bann' Siwel, qui les colportaient de village en village. En les drapant d'une esthétique indie rock, Mélissa réinterprète l'héritage haïtien, s'emparant d'airs traditionnels, d'hymnes vaudous et de fragments de phrases trouvés dans de vieux recueils de chansons, et les assemble comme un patchwork d'identités croisées.

Enregistré en seulement cinq jours et mixé au fur et à mesure de l'enregistrement des morceaux, la voix distinctive de Mélissa et son jeu de guitare sinueux sont encore renforcés par la présence éclatante à la guitare et au cuatro de Drew Gonsalves, leader du groupe trinidadien Kobo Town, et le son est donné une touche dramatique et live par l'équipe de production française A.L.B.E.R.T.

En exil, l'appel du patrimoine culturel haïtien avait résonné chez Mélissa comme une voix voilée provenant d'une radio hors de portée. Une fois sur place, elle avait branché le récepteur, rempli les blancs pour honorer les luttes passées, puis les avait réimaginées, ouvrant un avenir de nouvelles possibilités. C'est un conte de fées qui cherche encore une fin heureuse. Mais Radyo Siwèl est le lieu où un passé fier, mais souvent tragique, rencontre la promesse d'un avenir meilleur.