Corey Gulkin, artiste nominé aux GAMIQ, se délecte de l'originalité et s'y sent comme chez lui. Issu du monde de la musique folk, Gulkin s'est fait remarquer très tôt en remportant le Grand Prix de composition John Lennon en 2013. Ces dernières années, Gulkin a enrichi son répertoire musical par l'expérimentation. Leur album All The Things I’ll Forget, sorti en 2018 et qui relatait une relation abusive avec une perspective nuancée, leur a offert une libération artistique qui leur a permis d'aborder leur prochain projet avec un sentiment de possibilités renouvelé. Après s'être remis d'une blessure au cou en 2020, ils ont repris le rôle de guitariste principal et ont perfectionné leur puissance vocale, atteignant une percée lors d'une résidence au Banff Centre. Ils ont également commencé à écrire avec l'intention précise de canaliser le chagrin, l'amour et la rage queer. Avec la ténacité et la vulnérabilité de Gulkin au premier plan, leur nouvel album Half Moon (2023, Anything Bagel) se délecte de ce nouveau territoire, sautant dans le monde de l'art-rock.
Au cœur de Half Moon se trouve le lâcher-prise. Alors que leurs chansons évoluent, passant de la séduction à la confrontation, au réconfort et même aux piques, la clarté du regard de Gulkin reste la constante indéniable. C'est l'ancre qui permet à Half Moon de plonger dans les émotions que nous avons tendance à cacher : la compétitivité, l'amour angoissé, la gêne dégoûtante - dansant à la frontière entre l'euphorie et le désastre. Confrontatif, agité et fougueux, Gulkin chevauche la terreur et le frisson de refuser de reculer, porté par le vibrato Thom Yorkien de sa voix. Des solos de guitare furieux aux improvisations tendres et aux moments cathartiques, le set live de Gulkin est tenace et aventureux.